Après deux mois en accompagnant la souffrance des victimes des inondations en Tierra Amarilla, au Chili, Sœur Rita Cortez nous laisse son témoignage:
« Maintenant, atterrissant, je vous laisse quelques lignes, du Chili. Cela ne me sera pas facile parce que je porte à mon intérieur l’ampleur de la cordillère, la désolation de la destruction et, paradoxalement, la beauté d’un désert qui fleurit aussi et la simplicité d’un peuple qui t’enseigne à aimer au style de Jésus. Simplement, sans rien de plus. Tout un contraste géographique de sentiments !!!
Deux mois d’un intense travail se sont passés, oui, et le travail continuera pour ceux qui y restent parce qu’il y a encore beaucoup à faire, sans doute. L’ampleur des dégâts de l’inondation est énorme et les réponses internes et externes sont plus lentes que ce que l’on souhaite ou attend.
Pendant ces 2 mois j’ai eu l’énorme privilège de connaître beaucoup de familles affectées. Entrer dans leurs maisons (ou du peu qu’il en restait) et être témoin de comme rien, rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu. Qui ou quelle force, au-delà de Dieu dans son amour, peut soutenir dans l’espoir ceux qui ont perdu le peu qu’ils avaient ? La réponse venait après, dans un deuxième moment, comme s’il s’agissait du fruit de la contemplation… ces personnes ont tellement de choses… et moi j’en ai si peu, ayant autant… Ils ont tellement d’Évangile parce qu’ils sont l’Evangile vivant et incarné et j’ai pu le toucher… j’ai pu « entrer chez Lui »
.La parabole du Banquet me revenait souvent :
« ‘Va promptement dans les places et dans les rues de la ville, et amène ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux’. Le serviteur dit : ‘Maître, ce que tu as ordonné a été fait, et il y a encore de la place.’ Et le maître dit au serviteur : ‘Va dans les chemins et le long des haies, et ceux que tu trouveras, contrains-les d’entrer, afin que ma maison soit remplie.’ »
‘Va dans les chemins et le long des haies, et ceux que tu trouveras, contrains-les d’entrer, afin que ma maison soit remplie.’ Cela nous disait, chaque jour, le Seigneur Jésus à notre communauté de Tierra Amarilla.
Et ces mots me résonnent encore : “les pauvres et la terre ne peuvent plus attendre” ! Il faut les chercher et aller à leur rencontre pour qu’ils reviennent chaque fois chez-nous, non plus comme des inconnus, mais comme des amis et des frères, leur donnant une place privilégiée dans nos vies, communautés et missions. Pour que Sa maison soit remplie.
Je pensais que je ne pouvais plus faire de nouveaux amis, des vrais amis, de ceux qui changent notre vie et notre cœur. Qui nous exigent et nous demandent jusqu’à la douleur mais qui, à la fois, nous enseignent à aimer, en aimant en et dans la Vérité. Avec une odeur d’Evangile.
Je demande aujourd’hui, très reconnaissante par ces deux mois à TA, la grâce que le Pape François nous défiait à vivre, il y a quelques semaines : que nous nous laissons remplir de l’Esprit de Pentecôte, ce Vent qui ouvre des portes et qui nous met en chemin, qui génère du risque apostolique et qui crée la nouveauté de l’Évangile. Parce que les pauvres de la terre ne peuvent plus attendre ! »
Sœur Rita est retournée au Chili, pour deux ans de mission.